La naissance de A
En décembre 2016 à Chamalières, je présentais les reliques d'une chambre d'enfant. À la poursuite d'un souvenir qui ne m'appartenait pas.
Les fétiches parsemés dans les étages d'une bibliothèque, les papiers peints plus ou moins fleuris des portions de murs, les collections de photographies, d'images de fleurs et des notes intimes agencés dans l'espace de la galerie Louis Gendre, dessinaient le portrait de A.., alter-égo d'une jeune fille dont nous ne connaitrons jamais le nom.
C'était un jeu de spéculation.
Car ce personnage seul intéresse. Comment donc ce double fantasmé pendant l'enfance s'est-il construit ? Quelles sont ces images qui s'ancrent, ces mots qui restent ? Et avec elles une autre question : « Si nous pouvions être quelqu'un d'autre, celui-là changerait-il le monde ? ».
Un goût certain pour la métamorphose, la réincarnation et l'iconologie. Une lecture particulière de l'Hamlet de Shakespeare, du personnage d'Ophélia, de sa pensée et de son destin. Ophélia revient, se répète sans cesse et se reflète. Ophélia, l'héroïne humiliée, allégorie de l'alternative, fut une étoile pour notre jeune amie.
Aujourd'hui elle est une femme, et règne en tant qu'actrice dans le monde de la pornographie sous l'identité de son alter-ego : A...
À l'image d'Ophélia qui quittait la cour du Danemark par un suicide inconcevable qui l'éleva au rang de mythe et d'icône, le personnage de A.., devenue figure publique, transgresse là où c'est impossible. Elle va et vient entre deux systèmes de pensées contraires. Entre la crudité et le voile. Danse érotique dans le mode pornographique. Système de pensée adulte au coeur de l'enfance.
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