Louis Verret
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Kernelite de Clédia Founiau
au Fonds de dotation Weiss,
commissariat Louis Verret,
hiver 2022
Clédia Fourniau est la deuxième résidente du Fonds de Dotation Weiss. Elle s’installe au 28, rue Paul Valéry le 13 décembre 2021. Pour une histoire d’hiver. Clédia a préparé ses châssis à l’avance, aidée de son compagnon et de son beau-père. Rapidement des textiles variés feutrine toile ou tissu glanés à la réserve des Arts de Pantin ou ailleurs restes d’imprimés de marque de luxe et tissus technologiques changeant de couleur sous la main sont tendus forts entre les cadres. Soutenus plats par des panneaux de bois. Les tableaux reposent sur des tréteaux ou à même le sol. Clédia en fait le tour les nappe imprime le corps : déverse sur les surfaces des couches de résine polyuréthane. Parfois mate et opaque. Ou iridescente et translucide. Ou un croisement inégal des quatres. La toile durcit. Bientôt ne gonfle ne vibre ne respire plus. Cristallisée. Les tableaux alors, peuvent se dresser. S’appuient contre le mur. Et patientent. En tombes eaux stagnantes et miroitantes poils fins d’avant-bras pâles des poèmes dans des alphabets inconnus montés en couleur avec les semaines. Prennent le nom de leurs teintes premières : corail, orange, jaune citron, brun, kaki, rose, bleu, … Pour peindre, Clédia porte un masque respiratoire complet et un sweat-shirt à capuche gris foncé. Des taches de couleurs se concentrent près des poches latérales. Des pots de plastique transparents s’agglutinent autour des tableaux. Des brosses larges y plongent et déposent les résines en glissant. La tranche des tableaux est sertie d’une préparation polymère orangée. D’une composition secrète. À fleur des tranches des toiles se dressent des ménisques orange jaune rose d’or. Dans l’hiver calme, Clédia compte réaliser une douzaine de tableaux en grand format ainsi que des formats plus domestiques. À lire en série. Pour l’occasion elle a mis en place une pratique nouvelle de synthèse picturale : une peinture plus directe, calibrée pour une durée de production courte. Le calendrier de la résidence est pertubé par les aléas qui font ces dernières années : l’exposition est d’abord repoussée au mois de juin par la flambée épidémique du variant Omicron. Puis se présente l’opportunité d’une prolongation de séjour rue Paul Valery. Cledia y travaille jusqu’au milieu du mois de février. L’exposition est finalement fixée au 17 mars. Elle s’intitule Kernelite. Un mot qui n’existe pas encore. Inventé et apparu dans le carnet Moleskine de Clédia qui le lit en souriant au cours d’une conversation dans la matinée du 3 février. “Kernel-” d’abord, nom donné aux couches des noyaux d’un ordinateur, francisé depuis l’anglais. Et “-ite”, suffixe minérale. Témoigne d’une production précieuse dans l’ère numérique. Clédia se rend à la résidence cinq fois par semaine. Elle reçoit la visite de sa famille, du photographe Arthuro Peduzzi avec qui elle collabore, de ses ami.e.s, de commissaires d’exposition, de conseillers artistiques, de galeristes, de Louis Jacquot, de Romain Darnaud le reprographe, de Pierre le vidéaste, de Fanny et Julien Weiss les fondateurs du Fonds de Dotation, de Nicolas Crichton qui aide à l’accrochage. L’hiver dure le ciel est bas mais le vent se lève et bientôt le printemps. Le monde ne parle plus du Covid mais de la guerre en Ukraine. Dans le ciel la veille du vernissage de la poussière de Sahara.